Le complexe de Chita

Un conte initiatique magnifique, pour petits et grands.

Damien, 10 ans, quitte la ville avec ses parents et Céleste, sa sœur, et emménage dans le sud, à la campagne. Confronté à une réalité nouvelle, il devra désormais s’occuper de tous les animaux. Pour son père, c’est l’occasion de faire de son fils un homme, mais Damien ne perçoit pas les choses de la même façon, il a une toute autre intuition de ce que doit être un Homme. Damien et Céleste rêvent de partir. Ils refusent de se soumettre à la voie toute tracée que leur père impose d’un ton sans appel. Ils rêvent de pluie, de verdure et de terres lointaines…

Sud de l’Espagne dans les années 80. L’époque de la dictature n’est pas loin. Un hameau perdu dans les montagnes andalouses. Le cœur de l’action se passe dans une maison, son poulailler, ses cages, enclos... Sur fond de misère, de sécheresse et de poussière, les mentalités archaïques et conservatrices persistent. Un horizon barré se profile.

Face aux projections d’un père sur le devenir de son fils, Damien cherche, non sans humour, ce que doit être un homme. Il y a : « homme » comme membre de l’espèce animale la plus évoluée de la Terre, « homme » comme contraire de la femme ou encore « homme » comme humain, membre de l’espèce humaine. Son père ne fera qu’agir et proclamer les deux premières. Pour lui, l’homme, doit être fort physiquement et psychologiquement, chasseur, roi absolutiste face aux animaux, chef incontesté de sa tribu. Damien au contraire ne pense que par « Homme », et donc par l’humanité qui doit émaner de lui.

Une tension psychologique omniprésente traverse la pièce. La personnalité en construction de Damien est sans cesse tiraillée entre les injonctions brutales de son père et sa propre sensibilité. Une thématique qui prône l’altruisme où, en creux, pourront se lire : problématique de stéréotype de genre (ce qui est attendu de nous, fille ou garçon) et rapports de supériorité et les dérives qui en découlent. Les animaux ayant un rôle de révélateur d’humanité pour Damien.

Comédien, marionnettiste, metteur en scène je me suis éprouvé avec Martial Anton, tout au long des dernières créations de la compagnie Tro-Heol au travail d’écriture et plus particulièrement à l’adaptation de plusieurs romans portés à la scène (Niccolò Ammaniti, Arto Paasilinna, Valérien Albanov). Aujourd’hui avec la création de « Le complexe de Chita », je m’implique dans une écriture originale au travers du regard d’un enfant de 10 ans, dans une Espagne archaïque à peine sortie des années de dictature. Entre gravité et légèreté, le texte alterne narration, dialogue et écriture visuelle propre à la marionnette. Dans un rythme soutenu, cette écriture nous transporte dans des registres tour à tour : légers, tragiques, fantastiques et oniriques. - Daniel Calvo Funes.

Crédit photo : M.Anton